La gestion de l’eau est un enjeu stratégique pour les collectivités locales, notamment face à l’augmentation des épisodes de sécheresse et aux restrictions d’usage qui en découlent. À Pocé-sur-Cissé, la mairie fait face à des difficultés croissantes pour l’entretien de ses espaces verts. Elle est confrontée à des limitations d’accès à l’eau potable et aux prélèvements en rivière. Cette situation a conduit les élus à s’interroger sur une solution plus durable et autonome : l’installation d’une citerne de récupération d’eau de pluie.
Au-delà d’une simple solution technique, ce projet résulte d’une réflexion approfondie sur la gestion des ressources locales et l’optimisation des infrastructures existantes. Voici un retour sur les étapes clés de cette initiative, depuis la prise de conscience jusqu’à la mise en service de cette citerne.
Un constat inquiétant : la dépendance aux ressources classiques
Pendant de nombreuses années, l’arrosage des espaces verts de la commune reposait sur deux sources principales : l’eau potable et le puisage dans la rivière Ramberge. Cette approche posait plusieurs difficultés. D’une part, l’eau potable représente un coût significatif pour la collectivité et doit être priorisée pour la consommation des habitants. D’autre part, le puisage en rivière dépend fortement des conditions climatiques et des régulations environnementales qui limitent son usage en période de sécheresse.
Ces contraintes ont conduit la mairie à se pencher sur une alternative capable de garantir un approvisionnement constant tout en respectant les impératifs écologiques et financiers.
Un précédent : les citernes incendie de la commune
La réflexion sur l’installation d’une citerne dédiée à l’arrosage ne s’est pas faite en partant de zéro. En effet, la commune possède déjà 4 citernes souples dédiées à la défense incendie depuis une dizaine d’années. Installées dans des zones isolées où l’accès au réseau d’eau potable est limité, ces réservoirs doivent permettre aux pompiers de disposer d’un point de prélèvement en cas d’urgence.
Ce précédent a permis aux élus de s’appuyer sur un savoir-faire local et sur l’expérience acquise dans la gestion de ces équipements. Il a aussi facilité les discussions avec les fournisseurs et les entreprises spécialisées pour adapter cette technologie à l’usage de l’arrosage des espaces verts.
La mise en œuvre du projet de citerne : de la réflexion à l’installation
Une fois la décision prise d’installer une citerne pour l’arrosage, plusieurs paramètres ont été étudiés :
- Le choix du site : la citerne devait être positionnée à proximité d’un bâtiment municipal offrant une grande surface de toiture pour maximiser la collecte d’eau de pluie.
- La capacité de stockage : après une analyse de la pluviométrie locale et des besoins en arrosage, la mairie a opté pour une capacité de 300 m³, permettant une autonomie sur plusieurs mois.
- L’intégration technique : la solution devait être facilement raccordable aux équipements municipaux existants tout en restant simple à utiliser pour les agents techniques.
Après comparaison des options disponibles, la commune s’est tournée vers une citerne souple fabriquée par Citerneo, une entreprise spécialisée dans la conception de solutions de stockage d’eau. Cette entreprise avait déjà fourni les réservoirs incendie, renforçant ainsi la confiance des élus dans la fiabilité du matériel.
L’installation de la citerne a nécessité plusieurs étapes :
- Préparation du site : des travaux de terrassement ont été réalisés pour assurer une base stable et éviter toute déformation du réservoir une fois rempli.
- Installation d’une bâche de 300 m³ : une bâche spécifique a été implantée pour assurer l’étanchéité du système et garantir une capacité de stockage optimale de l’eau de pluie.
- Mise en place du système de collecte : les gouttières du gymnase municipal (800 m² de toiture) ont été modifiées pour diriger l’eau de pluie vers un puits de collecte équipé d’une pompe de relevage.
- Installation et raccordement de la citerne : une plateforme a été aménagée pour permettre aux agents techniques de remplir leurs équipements d’arrosage de manière rapide et efficace.
Ces travaux, réalisés à l’automne 2024, en collaboration avec une entreprise locale, la société Robinet, spécialisée dans le terrassement et la plomberie, ont duré environ quinze jours.
Un choix assumé d’entreprises locales aux valeurs communes
Le choix des prestataires n’est pas non plus anodin. La municipalité a privilégié des entreprises locales pour garantir un suivi de qualité et favoriser l’économie régionale. Citerneo, implantée à proximité, a ainsi été sélectionnée pour fournir la citerne souple, en raison de son expertise reconnue dans le domaine du stockage d’eau. Les 4 citernes incendie ont déjà été installées par l’entreprise Citerneo, ce qui n’a fait que renforcer le choix de leurs expertises. L’entreprise Robinet, basée à Chaumont-sur-Loire, a quant à elle été retenue pour les travaux de terrassement et d’installation hydraulique. Un choix pertinent permettant une meilleure réactivité en cas d’ajustement technique et une collaboration fluide entre les différents intervenants. L’implication d’acteurs locaux a également facilité les échanges et assuré une mise en place rapide et efficace du dispositif.
Une capacité de stockage en eau rapidement mise à l’épreuve
À peine installée, la citerne a démontré son efficacité. Grâce à des précipitations abondantes en fin d’automne 2024, elle s’est remplie en seulement trois semaines. Ce résultat a rassuré les élus qui craignaient initialement que la capacité de 300 m³ soit surdimensionnée par rapport aux besoins.
Dès ce printemps 2025, les équipes techniques commencent à utiliser l’eau stockée pour l’arrosage des massifs fleuris, des parcs et des espaces publics.
Un investissement rentable sur le long terme pour la gestion hydrique
Avec une consommation estimée à 20 000 litres d’eau par mois pour l’arrosage, la mise en place de cette citerne représente une économie significative pour la commune. Le coût initial d’environ 30 000 euros (citerne souple, terrassement, raccordements hydrauliques et électriques, clôture de protection) pour l’ensemble de l’installation devrait être amorti sur plusieurs années, grâce aux économies réalisées sur la facture d’eau potable.
En plus des avantages économiques, ce dispositif permet de préserver les ressources en eau potable et d’éviter le stress hydrique sur la rivière Ramberge.
Une réflexion sur l’avenir du dispositif
Encouragée par les premiers résultats, la municipalité envisage d’étendre le principe à d’autres bâtiments municipaux dans le futur. Toutefois, le manque d’infrastructures avec des toitures suffisamment grandes limite les possibilités immédiates. L’idée de prévoir ce type de dispositif dès la conception des futurs bâtiments publics est également en discussion.
Conclusion
L’expérience de Pocé-sur-Cisse illustre parfaitement comment une réflexion approfondie et une planification efficace peuvent aboutir à une gestion optimisée des ressources en eau. Ce projet ne s’est pas limité à une simple installation technique, mais a impliqué une véritable démarche d’anticipation et d’innovation pour répondre à des enjeux écologiques et économiques.
En intégrant la récupération d’eau pluviale dans sa stratégie de gestion des espaces verts, la commune s’inscrit dans une logique de développement durable et de résilience face aux défis climatiques. Ce retour d’expérience peut inspirer d’autres collectivités à repenser leur propre gestion de l’eau et à explorer des solutions adaptées à leurs besoins spécifiques.